Panama: Au bout du canal à droite …

Notre séjour au Costa Rica était un peu des vacances, il faut bien le dire. Mais nous devons maintenant aller au Panama, dont nous ne connaissons rien si ce n'est le fameux canal…

Passage de frontière: rien à signaler, les formalités habituelles. Déjà ça de gagné.

Le fait que nous soyons toujours en convoi avec nos amis Françoise et Jacky, nous permet de passer le temps lors de l'attente aux différents guichets, ça nous donne l'occasion de discuter de notre prochain bivouac. Nos amis, fervents amoureux de la faune et de la flore, nous incitent à aller visiter le parc du volcan Barú. Nous nous laissons facilement convaincre, car il faut dire que les dernières semaines passées en leur compagnie nous ont un peu ouvert les yeux sur les oiseaux locaux, là où nous serions passés tout droit.

Après quelques heures de route sans histoire, nous nous retrouvons à l'office de tourisme local pour débattre d'une question existentielle (devons-nous utiliser les services d'un guide ou y aller par nous-mêmes?) lorsque nous voyons arriver … nos amis mexicains Roberto et Maria!

Ça tombe bien, leur espagnol étant un petit peu meilleur que le nôtre 🙂

Nous nous trouvons une petite place ou nous nous stationnons en triangle, à la manière des convois du Far-West, et nous nous sentons immédiatement comme chez nous. L'avantage de voyager en groupe !

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Nous passerons donc ensuite 3 jours dans la montagne à la recherche des fameux quetzales, les oiseaux les plus rares de la région: nous en avons entendu des douzaines, par contre impossible d'en voir un seul !!! Sacrées bestioles !

Comme quoi nous aurions peut-être dû utiliser les services d'un guide finalement… Leçon apprise.

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Mais finit le tourisme, nous avons un gros travail qui nous attend plus loin au Panama: il faut savoir en effet qu'il n'y a pas de route qui rejoint l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud. Je sais, je sais, ça parfait démentiel, aucun moyen de communication terrestre entre les 2 continents! Bien que le Panama touche la Colombie, la zone située entre les 2 pays est marécageuse d'un côté, et montagneuse de l'autre. De plus, elle est habitée par des indigènes, et est apparemment beaucoup utilisée par les trafiquants, qui n'ont aucun intérêt particulier à voir la zone desservie par une autoroute…

Bref, pour nous comme pour tous les autres voyageurs motorisés, il n'y a qu'une seule option: le transport par cargo. Et bien sûr, les compagnies maritimes le savent bien, et elles n'hésitent pas à monter les prix en conséquence: là où la traversée du véhicule de l'Europe au Canada nous avait coûté 5000 $ (15 jours de mer), pour rejoindre la Colombie en un seul jour de mer, il nous faudra débourser… 3000 $! Du vol pur et simple, mais nous n'avons pas le choix. Et qui dit transport en bateau, dit aussi un minimum de logistique. Il nous faut prendre rendez-vous avec le transitaire, faire contrôler le véhicule par les douanes panaméennes afin qu'elles autorisent l'embarquement, et aussi et surtout préparer le véhicule: cacher tous les items de valeur, et construire une cloison qui séparera le poste de conduite du reste de la cellule "habitation". Nous sommes en effet obligés de laisser les clefs de contact au préposé du port, ce qui ne nous enchante guère. Les blogs de voyageurs regorgent de mésaventures survenues à leur véhicule, serrures brisées ou fenêtres arrachées afin de piller l'intérieur de la cellule…

Nous avons établi un point stratégique pour effectuer nos travaux: il s'agit du seul et unique camping du pays, tenu par des Américains. Là encore, ils savent qu'ils ont "l'exclusivité" et en profitent un peu sur les prix, mais l'endroit et sympa et la piscine est propre de temps en temps: ça nous suffit.

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Comme de plus nous sommes le 25 mars, c'est un bon coin pour fêter l'anniversaire de Jules. Le brave petit n'est pas difficile: tout ce qu'il demande pour ses 10 ans, c'est ses bonbons, ses plats favoris, et quelques privilèges comme avoir le droit de prendre son petit déjeuner au lit…

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Une fois les préparatifs préliminaires effectués, c'est le temps de faire un premier repérage en direction de Panama City.

Et pour arriver à Panama City, il nous faut prendre le pont qui nous fait passer par-dessus le ? le ? le canal de Panama pardi! Toute la famille a le nez collé aux fenêtres (ok, ok, sauf la conductrice) lorsque nous nous engageons par-dessus l'embouchure du canal.

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Oui c'est haut, oui c'est large, mais finalement pas si impressionnant que ça, nous avons déjà vu plus majestueux (comme le Golden Gate de San Francisco …). Par contre ici, il y a les cargos porte-conteneurs géants, et ça ça impressionne quand même, il faut bien l'avouer.

 

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Question ville, Panama City nous laissera par contre une impression mitigée: un quartier de centre-ville très huppé et très américanisé ou le voyageur fortuné trouvera de tout et se croira aux USA, entouré de "bas quartiers" très pauvres et délabrés ou l'on se dit qu'il vaut mieux ne pas tomber en panne…

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Pour nous, ce soir, ce sera bivouac à la marina au Yacht Club Balboa, un vrai classique pour tous les voyageurs en itinérance par le Panama. Il y arrive qu'à certains moments il y aie plus de 12 équipages stationnés ici en même temps, en attente d'embarquement, mais malheureusement quand nous nous y présentons nous sommes seuls, avec nos 3 véhicules: Françoise et Jacky avec leur terrible Franky – de la taille d'un bus – , Roberto et Maria avec leur jeep qui tracte leur caravane escamotable, et nous même avec notre MACC, fidèle au poste, mais qui continue obstinément à faire du bruit dans la direction…

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Le rendez-vous avec le transitaire a été pris, nous avons nos points de repère dans la ville, il ne nous reste plus qu'à revenir tranquillement au camping pour fabriquer et installer nos cloisons de séparation: pour Jacky ce sera une solide cloison en bois, pour moi j'opterai pour une solution plus légère, la grille d'acier découpée sur mesure s'il vous plaît, à l'aide d'un coupe-boulon et de pas mal d'huile de coude.

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Les journées passent vite, et les soirées s'étirent autour d’un verre, avec Roberto (musicien de son état) qui nous joue des morceaux d'Amérique du Sud sur des instruments que je n'avais jamais vu…

 

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Les véhicules sont prêts, les équipages aussi, cela nous laisse encore quelques jours pour profiter du pays: nous commençons donc par la visite incontournable, j'ai nommé : le tour des écluses ! Comme cité plus haut, avant de partir en voyage nous ignorions tout du Panama (et des pays voisins non plus, il faut bien l'avouer). Nous ne savions par exemple pas qu’il n'y a pas de route entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud. De la même manière, dans ma petite tête le canal de Panama n'était … qu'un simple canal, reliant l'océan atlantique a l'océan pacifique évitant du même coup aux bateaux d'avoir à contourner toute l'Amérique du Sud et de passer par le redouté cap Horn. Dans la réalité bien sûr, c'est toujours plus détaillé et plus intéressant que ça. Saviez-vous par exemple que les travaux de creusement avait été initiés en 1881 par les Français, fiers de leur expérience avec le canal de Suez. Cocorico ? Pas vraiment, car ils ont dû abandonner devant l'ampleur de la tâche, et surtout devant le nombre de morts (22,000) : atteints par la malaria, les travailleurs tombaient comme des mouches. Les Français ont donc quitté, mais ont laissé de nombreuses marques derrière eux, bâtiments, machineries, cimetières…

Les travaux finirent en 1914 sous la direction des Américains avec la construction des écluses. Écluses ? Eh oui, le canal n'est pas un simple trou entre les 2 océans, les travaux auraient été trop longs: à la place, il y a en fait 2 morceaux de canal qui partent de chaque océan pour se rejoindre à un lac artificiel central, le lac de Gatún. Problème, le lac de Gatún est à 26 m d’altitude, et donc des écluses géantes sont nécessaires pour monter et descendre les cargos. Ce sont ces écluses que nous sommes allés visiter. C’est impressionnant de voir les cargos géants, remplis à ras bord de conteneurs, passer sous votre nez, puis monter et descendre au rythme des écluses. C’est navires sont si gros qu’ils ne peuvent se mouvoir uniquement avec leurs hélices : pour chaque bateau il faut rajouter 6 locomotrices conçues spécialement pour cette tache de tractage de navire, l’opération se faisant à l’aide de câble.

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Il faut savoir que les portes des écluses sont le point le plus étroit du canal de Panama, et de ce fait de nombreux fabricants de bateaux conçoivent leurs navires de manière à ce qu’ils passent juste à travers ; cette classe de navire s’appelle les Panamax, et ils peuvent transporter jusqu’à 4,400 conteneurs. L’avantage de passer par le canal est évident : par exemple, pour passer de New York (Atlantique) à San Francisco (Pacifique), le trajet « normal » est de 22,500 km, en comparaison de seulement 9,500 km en passant par le canal. Une économie substantielle, mais attention, les frais pour utiliser le canal ne sont pas donnés : cela peut monter jusqu’à 375,000 $ !!!

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Après une journée passée à visiter les écluses et leur musée, mais aussi à regarder passer paresseusement les porte-conteneurs, nous remontons jusqu’à la côte pacifique pour passer la nuit dans une autre marina. Cette fois-ci la sécurité est au rendez-vous, car les troupes américaines responsables de la sécurité du canal montent la garde. Nous nous trouvons une petite zone plus éloignée pour passer la nuit, et comme nous sommes à l’embouchure du canal nous pouvons voir les lumières des cargos de passage, tout comme les feux de position des multiples navires qui restent à l’ancre en attendant leur tour.

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Enfin bon, finit les enfantillages, le travail sérieux commence pour l’embarquement de notre Macc, tout comme pour les véhicules de Françoise/Jacky et Roberto/Maria. Première étape, les douanes. Le gouvernement panaméen tient en effet à inspecter toutes les automobiles qui sortent du pays, pour une raison difficile à comprendre, mis à part le fait qu’ils s’assurent ainsi que toutes vos contraventions sont bien payées. Rendez-vous tôt le matin dans le stationnement de la douane, qui pour ainsi dire aurait aussi bien pu être la cour d’un ferrailleur. Le quartier est super louche, et quand j’ai fait mine d’aller sur le trottoir en attendant l’arrivée des douaniers un gardien est accouru pour me conseiller de ne pas aller me promener… Mais que fait la police ? En tout cas, l’inspection n’est que de routine, et nous avons enfin notre autorisation de sortie du territoire- hourra!

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Le lendemain, présentation du véhicule au port, un bon demi-kilo de paperasse plus tard et notre Macc est enfin admit au milieu des bateaux, grues et conteneurs pour la dernière étape, la mesure – il faut savoir que les frais de transport se calculent au mètre cube.

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L’inspecteur responsable de la mesure est assez généreux et compte « petit », nous n’en aurons donc « que » pour 2700 $. C’est le moment de dire au revoir à notre Macc, nous ne pourrons en effet pas le voir chargé sur la plateforme (flat-rack) qui sera elle-même chargée sur le bateau. Je laisse les clés avec une petite appréhension, car il n’y a aucune certitude sur l’état dans lequel nous le retrouverons une fois en Colombie: intact, abîmé, pillé ? En plus, il faut bien avouer qu’il fait maintenant partie de la famille, et c’est la première fois depuis notre départ que nous voyagerons sans lui.

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Ah oui bien sûr, que se passe-t-il pour nous autres une fois notre Macc laissé au port ? Eh bien, nous quittons la terre ferme pour 5 jours de navigation en voilier. En attendant, nous trainons dans le petit port de Porto Bello.

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Alors, serons nous plus l'âme marine que terrestre ? À suivre dans notre prochain article …

porto belo  san blas à Cartagene (14)