Il était prévu de passer une semaine aux Îles, finalement ce sera 5 jours. Les venteuses Îles auront eu raison de nous!

Les Îles. La première étape de notre voyage autour du monde, dans notre tête c’était un peu la semaine de vacances bien méritée après le rush du départ, la vente de la maison, les préparatifs de dernière minute… Et ça l’a été!

Pour ceux qui ne connaissent pas les îles, il faut savoir que c’est un petit archipel d’environ 60km de long (et 300km de plage, yes !), les 7 différentes îles étant reliées entre elles par des routes sur des dunes.

C’est un petit bout de Québec séparé du continent par 130 km d’océan, il faut donc y accéder par bateau traversier. Vous embarquez à Souris, sur l’île du Prince Édouard, pour une traversée de 5 heures.

C’est alors que nous nous dirigions vers le port que nous avons croisé notre première surprise, un Land-Rover immatriculé en France; c’est certain qu’il ne nous est pas passé inaperçu, surtout surmonté de sa cellule d’habitation dépliable.

 

Arrivé au quai d’embarquement, rencontre avec les propriétaires, Thomas et Marie-Louise. Un charmant couple presque retraité qui voyage à travers le monde à mi-temps, à leur actif la traversée de l’Europe à la Mongolie, l’Australie, et ils commencent maintenant les Amériques par le Canada.

C’est le temps de la leçon numéro un pour ceux qui veulent préparer un tour du monde ou tout autre voyage en camping-car : Si vous croisez le chemin de compatriotes ou simplement d’une personne parlant la même langue que vous, arrêtez-vous pour un brin de causette, vous ne savez jamais sur qui vous pouvez tomber. Dans le cas de Thomas et Marie-Louise, c’est l’occasion d’apprendre d’eux quelques trucs et astuces sur la route, et aussi des anecdotes à la pelle. Si vous voulez écrire un livre, ils ont des tonnes d’aventures à raconter.

Nous étions encore à discuter sur le quai lorsque nous avons eu notre deuxième surprise, quand un vigoureux grand-père nous lance depuis sa voiture « Hé, je vous connais vous, vous étiez dans le Journal de Montréal! ». C’est la célébrité! Du haut de ses 82 ans, le madelinot Jérôme Arsenault nous donne des conseils sur l’île ainsi que les bons endroits où dormir. Ils ont l’air bien sympathique les gens d’ici! Encore une application concrète de la leçon numéro un.

Au moment de l’embarquement, vous conduisez votre véhicule dans l’antre du traversier, nommé le N.M. Madeleine, un fier navire de 122 mètres de long. Vous ne pouvez pas rester dans votre véhicule, mais les ponts supérieurs sont très confortables, avec restaurant, bar, salon, et même un petit cinéma idéal pour les enfants. En plus, il n’y aura presque personne si comme nous vous arrivez avant la saison des touristes, qui commence autour du 10 juillet.

 

 

Le temps d’une petite sieste, et 5 heures plus tard, c’est le débarquement aux Îles.

C’est là qu’on voit qu’après une semaine sur la route, vous avez les réflexes du voyage qui commencent à l’installer : repérage, récupération de la carte des environs à l’office de tourisme, puis comme il se fait déjà tard direction le spot pour la nuit tel qu’indiqué par le grand-père Arsenault, car vous ne voulez pas avoir à chercher une place dans le noir.

Nous n’allons presque jamais dans les campings pour 2 raisons : la première c’est le budget (à 35 $ la nuit environ, si vous allez dans les camping votre tour du monde va se limiter au tour du Québec par manque de cash), la deuxième c’est qu’on peut souvent avoir bien mieux qu’un petit espace clôturé dans un champ.

Mais d’où la leçon numéro deux : toujours s’y prendre tôt pour trouver un bon emplacement pour la nuit. Sinon les bons coins sont déjà pris, ou bien vous vous retrouvez à chercher une place dans le noir sans rien voir et vous vous réveillez le matin au milieu d’une voie de chemin de fer avec le tut-tut d’un train dans le lointain, charmant…. Ou bien encore, vous vous trouvez une place à 20h, mais comme vous avez encore à vous installer, faire le repas, souper, lavage, répondre aux messages sur le blog (non,non, je rigole, continuez), vous n’êtes pas couché avant 23h pour un peu de repos, lecture etc..

Allez, hop, mise en exercice de la leçon numéro deux : regardez la photo ci-dessous et trouvez ce qui cloche :

 

Eh oui, dormir sous les drapeaux, c’est poétique, mais un drapeau, ça fait beaucoup de bruit quand ça bat au vent. Et du vent, aux îles de la madeleine, il n’y a que ça, 24 heures sur 24. Des fois beaucoup de vent, des fois un peu de vent, mais au total, toujours du vent. Donc si vous voulez dormir tranquille, à éviter…

Nous étions donc tranquillement en train de nous installer sous les drapeaux, bande d’insouciants, quand nous voyons arriver à la même place que nous… Thomas et Marie-Louise, qui s’étaient fait conseiller le même endroit (mais eux ont eu la sagesse de se tenir loin des drapeaux, ça doit être dû à cette chose qu’on appelle l’expérience).

Bref, ce qui vous amène à la leçon numéro 3 : toujours avoir une bouteille d’apéritif à bord, ou à la rigueur quelques bières fraîches. Ça, on avait prévu, et la bouteille de pastis toute neuve a enfin pu tenir son rôle : apéro dans le camping-car, l’occasion de discuter encore plus et d’entendre de nouvelles anecdotes. Mais comment Thomas a-t-il fait pour briser son châssis de Land-Rover  au milieu de la Mongolie ???? Ce n’est pas censé être incassable ces bêtes-là ? Ça promet pour notre petit Macc qui n’est même pas 4×4…

Le lendemain, après un petit café pour se remettre du bruit des drapeaux, puis visite du tipi-trotteur, c'est la pratique de l’activité principale des touristes aux Îles : la marche! Petite balade sous un temps pluvieux (tiens, le coupe-vent de Jules n’est pas imperméable, oups), visite du port, les curieux se regroupent autour des bateaux des pêcheurs de homard pour admirer les prises du jour… Le village est plutôt pittoresque, le règlement de zonage interdisant de construire plus que les 21 maisons de pêcheur originelles. De plus, vous vous apercevrez vite qu’aux îles, il semble que ce soit un déshonneur d’avoir une maison de la même couleur que celle de son voisin : vous aurez donc un florilège de maisons rouges, vertes, jaunes, bleues, oui je sais ce que vous pensez, mais non, c’est vraiment joli.

(En plus ça doit être pratique pour indiquer le chemin de votre maison aux amis : « tu ne peux pas te tromper, c’est la maison violette avec un toit jaune! » Bon, OK,  daltoniens s’abstenir.)

 

Ce qui nous mène au soir de la St-Jean Baptiste, fête nationale du Québec, habituellement l’occasion de faire la fête, boire des bières et voir un feu d’artifice. Pour nous, épuisés, ce sera au lit à 10 heures. Mais avant ça, bien stationné sur une petite plage déserte au milieu de nulle part, nous aurons fait la connaissance de Jacob, petit bonhomme de 7 ans qui se balade dans la campagne perdue avec son mini-quad (ou sont les parents, mystère…). Et il doit s’ennuyer ferme le Jacob, car quand il nous a aperçus, il a piqué sur nous avec son engin motorisé, et nous a fait une démonstration de ses talents en enchaînant pointe de vitesse et dérapage autour du camping-car. Ensuite loooongue discussion pour savoir si l'on voulait aller jouer avec lui la plage (non Jacob, on est en train de souper là!). En tout cas, il est attachant, et on lui a donné une petite tour Eiffel en souvenir de nous.

 

Et là vous me voyez venir, eh oui, conseil numéro quatre: si vous partez autour du monde les bras vides, vous vous direz toujours « J’aurais bien aimé leur laisser un petit quelque chose, un petit souvenir ». Un pas grand-chose suffit à laisser une trace, un souvenir, sceller une amitié (ou un troc au besoin). Donc : toujours avoir un petit stock de souvenirs. Nous on a choisis de prendre des petits porte-clés en tour Eiffel, ça représente bien la France. D’autres ont conseillé des cartes postales de votre pays d’origine, en plus cela prend peu de place. Dans la même gamme d’idée, c’est aussi très pratique d’avoir des petites cartes d’affaires (cartes de visite) avec les noms des membres de la famille et votre email (et site web le cas échéant), c’est très utile en cas de rencontre, et évite les adresses griffonnées sur un bout de serviette en papier ou au dos d’une note d’épicerie.

Alerte jeu-concours: maintenant que vous savez que nous avons nos petites tours Eiffel avec nous, vous avez gagné le droit de nous en réclamer une lors de notre prochaine rencontre durant le voyage. OK, OK, on ne prend pas beaucoup de risque sur ce coup-là, mais si vous la voulez, venez la chercher!

 

C'est peu de temps après le départ de Jacob que nous nous sommes rendus compte que l'eau coulait à l'intérieur d'une de nos fenêtres. Sûrement une combinaison de la pluie et du vent qui frappe sur le côté du véhicule, mais les infiltrations sont en seconde position sur la liste des pires cauchemars du camping-cariste: il faudra donc ajouter un ou deux kilos de silicone sur les joints extérieurs (avez-vous remarqué comme j'ai toujours tendance à en mettre trop ?).

En première position sur la liste, c'est la panne de frigo, et tiens, comme par hasard le nôtre affiche un bon +18 degrés, oups! C'est plus que la température extérieure! Bah, encore un truc qu'il va falloir réparer, mais faut savoir garder le moral solide, on en verra d'autres. En attendant, histoire d'éviter les sandwiches jambon-fromage-salmonelle, on mettra des blocs de glace dans le bac à légumes…. (En plus, ça garde les bières bien fraîches)

 

Pour la suite du séjour, le menu est le même : randonnées et randonnées, souvent sous le vent et la pluie, mais les paysages sont si beau. Il faut dire que plusieurs sections des îles ont d'impressionnantes falaises rouges qui tombent sur la mer, c’est de toute beauté. 

L’avantage d’avoir du vent qui souffle en permanence de l’océan à travers ces îles si basses sur l’eau, c’est que les nuages ne restent pas longtemps, ce qui vous permet d’avoir un peu de soleil … avant que d’autres nuages n’arrivent tout aussi rapidement 😉

Alors, après toutes ces journées de temps froid et pluvieux (et venteux of course), on craque et on se décide pour une journée au camping, histoire d’avoir des douches chaudes sans avoir à compter parcimonieusement les litres d’eau, et de l’internet sans avoir à squatter les stationnements des McDonald's.

Coté paysage, aucune déception: le camping est quasiment vide, l'accueil sympathique, on se choisit une jolie petite place située à disons, un mètre cinquante du bord de la falaise. On a vue sur l'océan et la plage est à 50 mètres de là. Et de l'autre coté, c'est la petite poissonnerie où on va se chercher 4 beaux homards cuits. À 7.95 $ la livre, on ne se prive pas et on l'en prend quatre, c'est délicieux.

 

 

Côté ustensile, vous apprendrez vite à vous débrouiller avec les moyens du bord, à la guerre comme à la guerre!

 

 

Conseil numéro 5: entourez-vous d'objets à usages multiples! Vous n'avez que peu de place, donc prenez par exemple un iPad ou iPod qui fait aussi bien les emails que le web, les jeux vidéo, les films, etc. Idem pour les chargeurs: délaissez-les et préférez une prise USB qui se branche dans l'allume-cigare 12V et sur laquelle vous mettrez le câble approprié. Ou bien sur, l'exemple ultime, le couteau suisse avec ses irremplaçables tire-bouchon et décapsuleur. Ah oui, ça fait couteau aussi.

 

Maintenant, retour côté douche au camping, très bien, très propre, on a bien profité de l'eau chaude … la première minute! Pour le reste, il faut nourrir la machine à coup de pièces de 1 $, grrr. On comprend le côté écologique, mais bon…

Alors la décision est prise: après le froid et le vent, et la météo qui annonce des vents de 97km/h, on se décide à partir 2 jours plus tôt que prévu. Changement de réservation avec le traversier puis en attendant l'embarquement on va faire un peu de géocaching. Si vous ne connaissez pas, c'est une sorte de chasse au trésor. À l'aide d'un GPS, il vous faut retrouver une cache (le trésor), habituellement un Tupperware qui contient quelques menus objets; vous pouvez en prendre un si vous en ajoutez un, donc bien sûr les enfants adorent. À essayer si vous n'avez jamais pratiqué, c'est gratuit, il y en a partout dans le monde donc sûrement un près de chez vous, et comme vous pouvez utiliser le GPS de votre téléphone pas besoin de matériel.

 

Allez hop, au bateau !

Donc voilà, après seulement 5 jours nous sommes déjà repartis des îles de la madeleine, mais ça ne s'est pas fait sans un petit pincement au cœur. Les îles sont vraiment très belles et les gens très accueillants, mais quand on vous dit que la haute saison commence le 10 juillet, il y a une raison pour cela: avant, il fait encore trop frais pour que ce soit agréable, l'océan est trop froid pour les baignades et autres jeux nautiques (kayak, kite-surf, traversée de l'Atlantique à la nage…) et plusieurs installations ne sont pas encore ouvertes. Et puis, le monde nous attend après tout, donc allons voir si l'herbe et plus verte ailleurs!

 

Comme nous avons gagné quelques jours sur notre programme, nous allons nous permettre un détour par la baie de Fundy au Nouveau-Brunswick pour voir les plus grosses marées au monde (toujours nos idées de "plus au monde" en tête), et ensuite direction le lac St Jean, puis Montréal ou nous espèrons réparer l'iPod de Mathéo qui a fait un séjour dans la laveuse: la suite dans le prochain article.

 

(Et c'est promis, nous allons essayer de publier les articles plus fréquemment, un peu d'indulgence pour les auteurs amateurs que nous sommes!)

 

Oh, et conseil numéro 6: ne vous faites pas conseiller par des gens qui n'ont que quelques semaines d'expérience du voyage 🙂 ! 

Attendez au moins la fin de notre périple dans 2 ans, et là vous aurez droit à un manuel du parfait globe-trotteur! En vente dans toutes les bonnes librairies!